Cet article date de plus de six ans.

"Le capitalisme poussé à son cynisme extrême" : de futurs ex-salariés de Castorama et de Brico Dépôt appelés à former leurs successeurs polonais

Le groupe Kingfisher a annoncé, mercredi, que les salariés de ses enseignes Castorama et Brico Dépôt, qui vont être licenciés, devaient former les employés polonais qui prendront la suite. Le syndicat FO dénonce "le cynisme" de la proposition.

Article rédigé par Solenne Le Hen
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
L'enseigne Castorama. Photo d'illustration. (MAXPPP)

La pilule ne passe pas chez les salariés de Castorama et de Brico Dépôt. Leur maison-mère, le groupe britannique d'enseignes de bricolage Kingfisher, a confirmé, mercredi 28 février, la délocalisation en Pologne de la partie comptable de son activité et la suppression de 450 emplois administratifs en France. Elle a aussi demandé à ses employés français de former les salariés polonais... Ceux-là mêmes qui vont les remplacer. En parallèle, une cinquantaine de postes seront créés sur des métiers techniques. 

Si cette annonce de délocalisation n'est pas une surprise - Kingfisher avait annoncé le 8 novembre 2017 le regroupement en Pologne, à Cracovie, de ses services comptables et de gestion - la demande de formation, elle, est une nouveauté et elle passe très mal auprès des salariés.

Une adaptation à la comptabilité française

À l'issue du comité central d’entreprise, au siège de Templemars, près de Lille, dans le Nord, Jean-Paul Gathier, délégué Force ouvrière (FO) n'en revient pas : "On prévoit que les salariés polonais viennent suivre des stages en France pour savoir et s'adapter à la comptabilité française, donc ils seraient formés par ceux qui sont licenciés et qui perdent leur emploi par rapport à cette délocalisation."

Pour ce syndicaliste, la démarche "est assez cynique", d'autant que la direction a insisté sur ce point. 

On leur a dit qu'on comptait sur elles et sur eux pour être professionnels jusqu'au bout.

Jean-Paul Gathier, délégué Force ouvrière

à franceinfo

"C'est le capitalisme poussé à son cynisme extrême", estime Jean-Paul Gathier. Quant aux salariés concernés, ils jugent "inconcevable" cette proposition, affirme-t-il. "Quand ils ont appris ça, ils ont dit : 'Ce sera sans nous. C'est hors de question.'", indique le syndicaliste. Au total, 229 postes de comptables vont être supprimés en France : 63 au siège de Castorama et 166 en magasin.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.